Besse-en-Oisans: 9
au 12 septembre 2020 organisée par Régis Paraz |
Voir le diaporama d'Alain:
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Le compte-rendu de Victor Sieso | |
J’ai exhumé tardivement les papiers de cette virée mise sur pied par Régis, l’histoire du virus ayant tellement chamboulé les recommandations quant au regroupement de personnes, au jour le jour, les choses pouvaient changer, empirer, s’assouplir. C’est un courriel de l’organisateur, du début de mois qui a fini par débloquer la situation qui aurait pu rester en carafe. Le Tour de France est bien parti avec deux mois de retard, entouré d’un luxe de précautions et de contrôles il est vrai; à notre échelle, nous aurions le feu vert, pour autant que nous respections ce qu’il est d’usage d’appeler les gestes barrière. Le masque serait de rigueur pour les présentations au gîte, et la solution hydro alcoolique serait à notre disposition dans l’établissement. De quoi se sentir rassurés : les copains de toujours, le plein air, la dépense physique à bonne dose, de quoi mettre en confiance. N’empêche, peut-être à l’instar de certains, je suis parti cette fois avec une petite boule au ventre : le prix à payer de notre rencontre serait-il une contamination, voire une transmission à d’autres de ce fichu assemblage ribonucléique et protéique qui n’est certes pas une virtualité ni une élucubration de complotistes ? ![]() Depuis le balcon du Sarret Advienne que pourra, comme prévu, je quittai le bercail en solo, sans passer par la case Castelnau le Lez habituelle où se donnaient les rendez-vous de départ soit avec Jean-Pierre, soit avec Bernard ces dernières saisons. Faut dire que le grand bonhomme qui vient de prendre récemment sa retraite a décidé de l’inaugurer par un grand coup : l’escapade vélocipédique aller-retour en sa Bretagne des origines, et son itinérance est en cours. En ce mercredi milieu de semaine, une première pour des retrouvailles bisannuelles des centcolistes (et ce pour éviter l’afflux des week-ends dans les sites d’hébergement a priori fort courus), le trajet de la moyenne vallée de l’Hérault jusque vers les hauteurs iséroises de Besse en Oisans ne me semblera pas trop fastidieux. Là haut, il ferait plus frais, les nuits seraient plus douces et les nuages viendraient tempérer les implacables ardeurs solaires accumulées dans les plaines depuis juin. ![]() Départ du jeudi matin Je savais qu’une demi-douzaine d’inscrits parmi les 17 prévus serait déjà à pied d’oeuvre en avant première en quelque sorte. Une option que j’aurais pu choisir, mais je suis resté traditionnaliste : deux jours complets avec demi journée de rabiot avant le retour, c’est en soi déjà un joli programme… Francis, Régis, Jacques, Claude, Milou, Guy, Christine, Pierre, ils étaient déjà 11 pour ce mercredi 9 à visiter les hauteurs NO de La Grave, au pied de l’impressionnant massif de la Meije, franchissant Porte, Plagnes, Pare, entre les gouttes et les menaçants nuages. Une mise en bouche d’une douzaine de bornes : le fort, le long, le dur du programme étant centré sur les journées de jeudi et vendredi. ![]() La maison des Alpes à Besse en Oisans Le gîte du Sarret n’est pas difficile à trouver, au coeur du vieux village protestant aux solides bâtisses de pierre et de lauzes, aux ruelles en pente pavées de cailloux, aux fontaines fleuries et aux balcons de bois faisant saillie sur la façade. J’arrive à la bonne heure, les prétendants sont tous ou presque sur place, les uns en tenue de vélo, les autres en habit civil, pour l’apéro à préparer. Nous avons une petite salle où nous réunir sans gêner d’autres locataires, il se trouve que nous aurons le gîte pour nous tout seuls les trois nuitées à venir. Avec les absents de dernière heure (Michel, Martine, Bernard F.), nous ne serons que quinze, un effectif rétréci donc. On se passera du vin d’orange et des rillettes qu’apportaient généreusement Gérard, Pierrette et Alex, qui ne sont pas là non plus. Mais les liqueurs sombres et claires, voire troubles mais bien parfumées, ne manqueront pas, pour accompagner les spécialités charcutières et fromagères issues de nos terroirs respectifs, au point qu’à chacun des repas du soir, amoureusement servis par Martine et sa fille Valérie, nous calerons en laissant toujours un peu du bon plat, crozets, gratin ou potée. C’est que notre estomac, à l’instar de nos jambes, n’est plus tout jeune pour avaler du surplus, et l’excès peut nuire au repos de la nuit. Nuits sans encombre au demeurant dans les dortoirs à couchettes multiples où l’on fut réparti au mieux pour respecter une certaine distanciation. Il fit presque chaud sous les draps duvet, malgré les petites pluies vespérales venues régulièrement tempérer l’atmosphère. Pas de surprise mauvaise pour cette fin d’été (ladite saison se termine dans une dizaine de jours) , la météo nous restera éminemment favorable, aménageant des matinées pures, lumineuses, laissant dans les hauteurs un air suave vestige des extrêmes estivaux qui ont dû grimper inconsidérément jusque dans les hauts alpages qui arborent maintenant de jolies teintes rousses et blondes pré-automnales. Pas de coup de froid, pas de coup de vent violent, pas de brumes pesantes non plus masquant les horizons : ce coin de l’Oisans s’est montré sous ses angles les plus charmeurs, vastitude des pâturages du plateau d’Emparis, éclat froid du dôme blanc prolongeant une Meije déchiquetée, profondeurs des ravins et des versants le long desquels courent ces pistes miraculeusement tracées qu’il faut sans doute rétablir en telle ou telle portion après le passage de la neige qu’on a vu tordre les gros piquets de fer des clôtures garde-fous pour éviter la chute des brebis et autre bétail cornu ou à sabots. ![]() Rayons obliques de fin d’été Aller chercher le col des Trente Combes semblait un peu au dessus de nos ressources, un aller-retour longiligne et plein nord vers les nuages menaçants amoncelés entre Galibier et Croix de Fer, avec des portions de poussage voire de portage, nous aurait mis au risque de dévaler trempés et sous les éclairs. Le géant à 2455 m gardera son secret pour cette fois. ![]() Montée comme en une piste stratégique Les années passent et les coeurs se fatiguent. Alain et Chantal, accompagnés par Pascal ont gravi directement depuis Besse les fantastiques lacets se hissant au col Saint Georges (2245 m), il n’empêche que le lendemain, ils seront trois, Guy, Francis et moi-même à quitter le gîte à vélo pour gagner le colossal col de Sarenne, un souvenir vieux de 20 ans ou plus pour moi, et que j’avais fait par le côté Alpe d’Huez. Ça tombe bien, je découvre ce versant aride et majestueux, tout comme mes compagnons (affûtés) d’ascension alors que les autres nous passent en voiture à trois bornes du sommet. Ce qui nous fera démarrer ensemble pour l’escapade du vendredi, à ras des 2000 m. J’avais idée en tête de suivre le parcours bleu proposé dans un des feuillets délivrés par Régis, mais c’était un parcours pour puristes, plus routier que cheminant, et plongeant bien trop bas dans la Romanche. Je me laissai convaincre que ce n’était pas le bon plan, et qu’il valait mieux rester ensemble à respirer l’air salubre des étendues à épilobes fanés ou des versants à myrtilles que de côtoyer la circulation dense du côté de Freney d’Oisans. Mieux valait en effet, entre soleil et ombre, casser la graine au col de Poutran, en vue de la renommée station qui depuis 1952 (Coppi) a accueilli tant de fois les pros des Tours de France (et même d’autres courses cyclistes). Pour le coup, nous ne serons que six à respecter dans sa totalité des allées et venues entre le signal de l’Homme (2176 m) et la croix de Cassini (2373 m). Francis que j’attendais répondant présent restera curieusement avec les autres. Faut dire que le grand bonhomme est parvenu dans le secteur sur sa randonneuse, et qu’il roule pour ces trois jours avec un vélo tout terrain d’emprunt. Il devrait repartir rejoindre ses terres Tarn-Garonnaises en roulant comme il est venu, mais il semble qu’il acceptera une approche en voiture avec la complicité d’un Milou qui nous gâtera encore de son miel toutes fleurs (et toutes saisons). Chiristophe et Jacques sont partis vers d’autres événements ce vendredi matin, l’un pour une concentration vélo, l’autre pour un mariage : bon vent et arrivederci en ces temps qui ne sont pas simples ni drôles, car même la cérémonie de la grolle savoyarde nous a été défendue par celui qui l’instaura, remplacée il est vrai par un petit verre de génépi post-dîner, qui passe quand même mieux que le gel hydro alcoolique ou l’eau de Javel ! ![]() Vers le col de St Georges Le temps joli aux cieux pastélisés nous sera servi pour la dernière matinée du samedi, histoire d’amener la ratabouillade vers une « Bonnefin ». La route communautaire démarre gravillonnée et barrée par un camion qui se charge sur trois niveaux de brebis sommées de suivre l’entonnoir fatal (un abattoir en Italie ?). Nous passerons à travers prés et sauterons le filet de maintien pour suivre la belle pente du chemin redevenu rural, communal, pastoral. Un tapis souple de fin sable très roulant et confortable avait averti Pascal, et c’est vrai! Pascal qui a quitté le groupe ce matin du 12, espérant sauter Grenoble sans entrave routière excessive pour filer vers Chambéry. ![]() Au loin, le massif de la Meije, à près de 4000 m A la limpidité du ciel diaphane répond l’uniforme étendue d’herbe rousse qui se pique de loin en loin d’un chalet, d’une ruine d’abri ou d’un oratoire. C’est fou comme des saints et des saintes ont élu domicile entre flancs et hauteurs, entre vallée basse et solitudes d’altitude vertigineuses, pour la protection des troupeaux, des bergers, avant de devenir but de promenade et témoins retapés de la foi du journalier, voire du charbonnier. ![]() Plongée vers Besse L’Alpe offrait ici et là son aspect sauvage, inhospitalier, dangereux, avec ses vives arêtes façonnées par l’érosion où les plis des monts s’offraient décharnés tels l’anatomie d’un écorché, véritable livre de géodynamique et de tectonique. Dans notre groupe, il y avait aussi un ensauvagé, mais dans le bon sens du terme, pas celui d’un certain actuel ministre de l’intérieur, j’ai nommé Guy, se plaignant sans cesse de son mal de dos, mais qui crapahute juché sur son engin suspendu hors piste et hors sentier. Fallait voir la bête sauter de pierre en pierre vers la basse route du Sarenne à partir de Grange Pellorce, ou coupant les lacets pourtant puissants et redressés du côté de l’oratoire de St Sébastien pour gagner à l’insu de tous le hameau préservé de Bonnefin. Pour le coup, personne ne viendra faire le curieux au hameau de Sert, accessible par une bonne petite piste tout ce qu’il y a de plus pépère, surtout pour un grand père. Il est vrai qu’aucun col n’était au bout du chemin, juste un panneau pour rappeler un incendie qui ravagea ce qui devait constituer un joli fond forestier et dont il ne reste qu’un cirque désolé réceptacle de toutes les colères du ciel. ![]() Le col Nazié, sous les 2000 m Il n’est pas encore midi, les cumulus blancs commencent à former de belles cheminées qui iront s’épaississant, s’assombrissant au fil des heures. On était encore sept ou huit à table au Sarret, en terrasse, à partager le dernier panier repas préparé par le gîte. Sans être vraiment pressé de quitter les lieux, je finis le café avant les autres et entreprends juste à la mi-journée la longue route vers une Occitanie promise une fois encore à la surchauffe, aux cieux secs et éblouissants. On se sent petit face à une montagne massive, dressée, géante. Reliefs subjuguants et grandioses. Le temps viendra sans doute où elle sera trop haute pour moi comme chantait Brassens (à propos d’un autre montagne), mais l’espoir reste entier. On doit se revoir en mars prochain dans les Cévennes, sous l’égide de Guy le Viganais, et puis pour dans un an, ce sera à trancher, Pyrénées ou Alpes, alternance ou non, Pays Basque ou Jura ? L’offre ne manque pas, seul l’hébergement à trouver pose problème : à nous d’y réfléchir. ![]() Descente vers Auris Tout est bien qui continue bien : d’ici deux semaines, l’ami Pierre H. organise un « remake » d’une balade cyclo-découverte dont JPR avait le secret, ça doit se passer autour de Sérignan en Hérault, j’espère en être, date mémorielle oblige. La tablée du soir au Sarret |
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Au pont de Gua | en vue de Besse |