VALMEINIER du 1 au 4 septebre 2017
organisée par Régis PAraz

crédit photo: alain - compte-rendu de victor

Le centre de montagne l'Armera choisi par Régis pour ce week-end savoyard.
Samedi 2 septembre: le temps anoncé n'est pas folichon, il paraît même qu'il risque de pleuvoir! Régis a prévu un circuit de remplacement et, l'effet de groupe aidant nous voilà partis.
Le groupe au départ du centre
Le col des Trois croix atteint, un arc-en-ciel nous annonce que le temps se gâte...
...et c'est le retour au centre.
L'après-midi sera consacré à la visite de Saint-Jean-de-Maurienne, de son cloître et de son musée Opinel.
    Dimanche 3 septembre: Les sommets sont saupoudrés de blanc et le beau temps est revenu. Nous partons pour les Rochilles: le groupe à partir du hameau de Bonnenuit, Chantal et moi à partir de Plan Lachat.
Un arrêt s'impose au hameau des Verneys pour admirer les sculptures géantes sur paille et foin.
Au départ de Plan Lachat, nous empruntons la route militaire du Camp des Rochilles. 
A partir des Mottets,...
...la route s'élève,...
...pour franchir le verrou glaciaire au prix de 15 lacets,...
...et arriver au camp des Rochilles où nous sommes rattrapés par les plus véloces.
Nous sommes observés!
Le camp des Rochilles depuis le col
Le lac du grand Ban et le lac Rond, vus depuis le col des Rochilles
Regroupement général au col des Rochilles (2494 m)
La piste devient chemin (nous suivons l'ancienne voie romaine),...
...puis sentier pour atteindre le col de la Plagnette (2525 m)
La voie romaine,...
...qui longe les lacs,...
..mène au seuil des Rochilles (2459 m), d'où l'on aperçoit le lac de la Clarée.
Pique nique au bord du lac Rond, ...
En route...
...pour le col des Cerces (2574 m)...
...et descente...
...sur le lac.
 
 
           
             
Retour à Plan Lachat
Dimanche 3 septembre: circuit de 24 km agrémenté de deux cols en compagnie de Chantal, Claude et Régis.
Saint-Martin-de-la-Porte
Col de la Porte (900)
Arrivée au Mollard
Col de Beau Plan (1420 m)
Un grand Merci à Régis pour son organisation et ses grands moments de convivialité et d'amitié partagés.
   
Compte-rendu de Victor Sieso: Ratabouillade estivale, du 1er au 4 septembre 2017
 

     En est-on à la 25° édition ? Il s’en est déroulé tant que je ne suis plus sûr du compte ! Il est facile de dire, « on prend les mêmes et on recommence », avec les heurts et malheurs qui frappent certains d’entre nous en ce moment, la reconduite de l’équipe n’est plus aussi certaine. L’âge favorise le recul, la sagesse, mais encore la sournoise apparition d’imprévus somatiques que la pratique assidue ou régulière d’une activité physique comme le vélo ne suffit pas à empêcher ni même à faire reculer. On garde les articulations silencieuses, les muscles aguerris, les poumons et le coeur efficaces, on se sent jovial, confiant, heureux, exubérant, expansif, et puis un hic s’installe, qui peut être de taille


Des troncs humides près du Sapey

     En attendant, ils seront plus de vingt à aller tailler une bavette à l’ami Régis, l’encore président de la confrérie des Cent Cols. Le Savoyard nous a conviés en ce tout début du dernier mois de l’été au centre de montagne de l’Arméra, sis à Valmeinier, à 1500 m d’altitude. Les cols à 2000 et plus n’avaient plus qu’à bien se tenir, ils étaient à notre portée, dans l’entourage proche du géant routier Galibier ; autant dire que l’offre était séduisante. Est-ce pour fuir la chaleur persistante sévissant dans les plaines que la plupart d’entre nous ont opté pour la formule La Royale, avec une nuit supplémentaire pour se donner la chance d’aller grappiller qui sait un ensellement voisin de plus l’espace d’un matin de lundi convenable ? Sur le papier, cela restait envisageable, possible, attrayant.
     Pourtant avant même de convoyer les voitures là haut, là bas vers l’Alpe majestueuse, il y eut ces coups de fils inattendus, précipités, alarmistes, annonçant à chacun d’entre nous, s’il avait pu être contacté, que le week-end tombait à l’eau pour cause de… chute brutale des températures et installation d’une poche de froid durable, quasiment pré hivernale, avec premiers dépôts de neige au dessus de 2000 m ! Ben voyons, ce serait le gérant même du centre, qui connaît sans doute le terroir, qui nous a fortement incités à renoncer ou à reporter à la semaine suivante notre séjour perché.


Un décor très embrumé

     La veille même de notre départ, alors que chacunavait préparé vélo et paquetages, un contrordre parvient : le calendrier initial est maintenu, dans l’impossibilité de joindre en temps voulu l’ensemble des inscrits. Je me baladais tranquillement dans les pinèdes au dessus d’Aniane lorsque j’ai reçu coup sur coup ces annonces contradictoires. Il faisait si doux, si beau, comment croire à un pareil retournement des éléments ? Evidemment à 400 km de distance, difficile d’extrapoler la bienveillante quiétude méditerranéenne vers des cimes hautaines, lointaines et escarpées. J’aime mieux à tout prendre, et je ne dois pas être le seul, cette résolution de ne pas remettre à plus tard notre séjour, on a connu après tout des virées gâchées par la pluie, le brouillard, le vent, le froid, mais on était toujours présents sur les lieux des rendez-vous ; on y serait encore cette fois.
     Déjà beau que la ratabouillade ait pu être maintenue, et que Jean-Pierre, l’initial instigateur de ce type de rencontre informelle puisse y participer, avec une condition revenue comme avant, comme si pour lui rien ne s’était passé ! Hélas, les prévisionnistes de la météo ne se sont pas trompés, la dépression pluvio-neigeuse s’annonce alors que nous remontons du côté d’Albertville. La belle montagne grandiose n’est pas belle à voir justement. Maigre consolation, en ce vendredi de chassé-croisé, nous n’aurons pas connu de ralentissement notoire sur le long trajet depuis Castelnau, et l’averse se retiendra de choir franchement sur nous alors que nous décidons à peine arrivés, Jean-Pierre, Bernard et moi (les trois vététistes arrivés avec Nadine dans le même véhicule) d’aller tâter du terrain. Juste pour apprécier grandeur nature l’ampleur du paysage malgré le brouillage des horizons, l’avancée des brumes et la menace des rideaux de flotte voire de neige ; aussi pour moi de tester la stabilité du gonflage du pneu avant plutôt ami des basses pressions.


Loin du soleil du Midi, vers Valloire

     La température à notre arrivée a plongé d’un facteur 4, avec 7 petits degrés inattendus. On ira explorer un fragment de route forestière contournant le versant menant vers la vallée de Valloire. Contact direct avec déjà de fortes pentes, du sol boueux, mais aussi un billard impérial du côté du col du Télégraphe. La clémence du ciel m’accordera la possibilité d’une visite jusqu’au fort que je ne connaissais pas, ou dont j’ai tout oublié. Pas si proche que ça de la grande route des Alpes le petit fortin dressé sur son piton vertigineux. Site stratégique militaire manifeste, où l’on a installé maintenant de grosses antennes de télécommunications.
Retour au gîte les doigts engourdis malgré la remontée de trois bornes. On a fait corps pour affronter cet épisode de refroidissement pas si insolite en haute montagne : aucun des inscrits n’a fait défection, les 22 sont là, c’est merveilleux, la fausse alerte n’a pas remis en cause le rassemblement, malgré la forfaiture du temps, on s’amuserait quand même !


L’église de Valloire sous bonne garde

     Que va-t-il pouvoir rester du programme alléchant, avec une journée fastueuse proposant un collet perché à 2682 m, plus collet-monté encore que le Galibier géographique même (à quelques mètres près il est vrai). Car de Valloire vallée d’or, on va surtout voir du blanc et du gris de prime abord. La Savoie promise radieuse s’annonce tristement et carrément neigeuse.
Il a fallu se faire à cette ambiance hors de saison en descendant de voiture au bout de la montée, s’habiller en conséquence (toujours il se trouve des téméraires à exhiber des jambes nues, c’est un peu juste, gare aux crampes !). Les salles du vaste complexe de l’Arméra vont demeurer sans chauffage aucun, mieux valait ne pas trop ouvrir les fenestrons dans les dortoirs. Il y aura de la buée sur les vitres à chaque matin, ça nous changera au moins du temps d’en bas saturé de chaleur lancinante.


Timides rayons près du fort du Télégraphe

     Samedi s’annonce sous un ciel inquiétant : bise or not bise ? D’elle dépend en effet l’éclaircie ou à l’inverse l’aggravation nuageuse. Régis à la manoeuvre délaisse le parcours le plus perché pour une promenade forestière qui va tourner court : on n’atteindra même pas Valloire station ! Il nous a fallu enfiler le paraverse, fallait voir dans la forêt sombre et brumeuse le contraste multicolore qu’offraient nos gandouras en plastique. Car la pluie tracassine est venue endeuiller le bout du vallon de Valmeinier. Nous ne fûmes que deux, Claude et moi, à nous hisser jusqu’à la cote 1800, terminus de la route. Il partait des pistes qu’on aurait dû emprunter, mais on n’ira pas jouer les intrépides dans l’opacité froide. Le pique-nique abondant préparé par notre hôte sera déballé en salle et non en pleine nature, histoire de nous retrouver ensemble, car même les marcheuses-marcheurs se sont repliés dès la mi-journée.
     On n’est pas venu pour regarder tomber les gouttes ni jouer aux cartes, voire en consulter d’autres. Une éclaircie s’annonce, cap donc vers la Maurienne sur les conseils avisés de notre guide débrouillard. Pour un petit groupe, conduit par Jean-Pierre et Bernard, ce sera l’exploration en vtt des ubacs forestiers de Valmeinier, pour la majorité, ce sera la promenade touristique vers St Jean, intéressante avec son Musée Opinel, que j’avais découvert voici une trentaine d’années et qui a fait peau neuve dans sa présentation, avec la cathédrale flanquée d’un cloître inattendu, avec l’hôtel de ville où se déroulait une exposition sur les tenues d’antan.
Bien sûr j’étais prêt à me rendre au bas de la vallée sur mon vtt, quitte à regrimper presque tout le Télégraphe pour revenir au centre de montagne, le sale ciel menaçant m’en a dissuadé, pas de regret !
     Le repas collectif étant du genre restauration de cantine scolaire (le centre héberge de nombreuses classes à l’époque du ski), même si excellemment préparé, on complètera, c’est une vieille habitude, le diner standard par la panoplie d’apéritifs et d’amuse-bouches que les uns et les autres ne manquent jamais d’amener.


Dix ans avant mon premier passage…

     La seconde nuit a porté conseil, du moins vis-à-vis des conditions météorologiques : en ce dimanche matin, la harde de nuages s’est fait la malle, il se dévoile les cimes et les flancs porteurs de grésil et de fine première neige. Ce petit tapis blanc risque de nous entraver si on grimpe trop haut trop vite : Régis va encore s’arranger pour qu’on n’atteigne les hauts lieux qu’à une heure de grand ensoleillement. Pour ce faire, nous partirons un peu avant Plan Lachat, histoire de tenter de se chauffer sur trois bornes de la prestigieuse route du géant Galibier. Car le froid est vif, et la tenue hivernale s’impose. Mais qu’importe du moment qu’on va accéder en des conques inondées de vive lumière, rattraper en quelque sorte notre minable escapade de la veille. On avait réclamé le beau temps comme un droit de vacancier, nous allons être servis : du bleu, du beau, du blanc partout, à droite, à gauche, par-dessus nos têtes. On a croisé les derniers mélèzes, laissé la forêt triomphante de santé à nos pieds, pour évoluer dans les zones plissées des reliefs métamorphiques. Comment reconnaître le granit, le flysch, le gneiss, les marnes, les ardoises ? Les roches se livrent nues du gris au vert en passant par le brun, l’ocre, le brun, le brillant, le dur, le granuleux, le caillouteux, le noir couvert de lichens.


Notre centre de montagne, l’Arméra

     Au camp des Rochilles, un ensemble de baraquements étalés sur une zone plate, l’herbe arbore des barbes blanches de givre, l’eau gelée a pétrifié les tiges qui forment à l’ombre une dentelle vitrifiée du plus bel effet. Les trois aiguilles d’Arves se sont haussées majestueusement, drapées de blanc frais, dressées par-dessus ce monde désolé d’alpages jaunis, bosselés et de crêtes hérissées. On bade devant le spectacle. Guy superstar qui a déjà avalé le premier jour le Galibier depuis le bas, s’amuse sur les pentes de la Plagnette (2525 m), Norbert l’homme tranquille, savoyard lui aussi, reste en short pour contredire la température basse en dépit du grand azur déployé. Tout le monde s’éparpille entre les blocs du seuil des Rochilles, essayant de jouer au lézard pas trop frileux pour la pause de la mi-journée. Les fleurs de givre remplacent les corolles déchues de l’été qui s’en va à tire d’aile. Malgré nos accoutrements protecteurs, il est facile d’apprécier le visage de chacun, les traits familiers qui semblent inamovibles, les lueurs déterminées dans les regards, la joie simple qui émane de notre petit attroupement au sommet. Et cela va continuer crescendo avec l’aventure vers le col des Cerces (2574 m), la plongée à sensations sur le lac de même nom, l’approche ventilée au grand ensellement de la Ponsonnière (2613 m). Des vététistes italiens ou catalans (espagnols peut-être) se sont mêlés à notre queue leu-leu sur le GRP au dessus de la rivière profonde, ils poursuivraient plus au sud et à l’est, vers l’Italie peut-être. On s’en reviendra par la même voie, négligeant le sauvage collet de même nom où manifestement il aurait fallu tirer le vélo dans la caillasse redressée.


Un samedi arrosé, le matin

     Les belles vues ne vont pas manquer d’être prises, de la part des uns et des autres, servies par un décor merveilleux rehaussé par l’enchantement de cette première pincée de neige. On a pris largement le temps de gravir les buttes, de redescendre sur la sente de caillasse, de poser le pied à terre pour se regrouper, pour rajouter encore une vue, mettre en boîte les luisances, les brillances, les éclats changeants selon l’heure du jour. On tressera l’itinéraire prévu. J’oserai même, mais le risque n’est pas bien grand, revenir au gîte à la force des jarrets, histoire de poursuivre ce bain providentiel de soleil dans un paysage sublimé. Les quelques heures étirées passées à évoluer dans un tel décor ne compenseront jamais les tracés qu’on n’aura pu accomplir, mais on ne va pas faire la fine bouche, cela aurait pu être autre chose en pire, et puis il en restera ainsi pour d’autres occasions.
Ce soir, on fête au champagne le 4000° col de Claude, il a atteint une belle limite, que certains d’entre nous ont déjà franchie, frôlant même le millier supplémentaire. Entre les fromages d’apéritifs, les charcuteries de plaine ou de montagne, le plat chaud du soir (une truffade ?) et la verveine du Velay concoctée au limoncello et à la Rozana façon Jacques, j’apprendrai les scores enviables dans la hiérarchie de notre groupe. C’est Alain qui détient la palme, un col dans l’Himalaya, pour lui, c’est du superflu quasiment !


Ciel et route libres pour dimanche

     Nous étions prêts, face à la tournure heureuse du ciel, à remettre ça dès le lendemain lundi, mais le groupe des languedociens arrivés dans un même véhicule, devront se plier aux caprices du genou de Bernard notre chauffeur pédaleur. Il se trouvera un quarteron de tenaces résolus pour aller s’attaquer, l’espace d’un matin, à quelques cols routiers sur l’autre bord de l’Isère (La Porte et Beauplan ?), Guy et Régis, de même que Claude, étaient de ceux-là, les veinards. Même Michel et Martine délaisseront cette variante du troisième jour. Quand aux Gillodes, on l’apprendra dans quelques jours, ils sont allés refaire le sublime Sommeiller, même s’ils ont été « petits joueurs », ils y sont parvenus.(1)
Tout le monde redescendra de ces paradis perdus, de ces sites fabuleux avec une météo parfaite mais décalée. En attendant la prochaine dégustation sans modération de cimes altières, rendez-vous est donné à la troupe pour le week-end du 18 mars prochain, en secteur cévenol Héraultais. On se souhaite d’ores et déjà des journées de belle intensité, même usantes, jamais suffisantes. On ira refaire le plein de vie en un autre coin de France, vivre une escapade de « oufs » comme dirait Gérard, savourer sans modération ces moments de bonheur partagé. Pour certains qui vont reprendre le boulot, la rentrée sera ainsi radoucie, même si le vélo en ville est moins excitant que celui pratiqué en Maurienne. D’ici là, on a le temps de rêver aux aspérités qui nous attendent, aux grolles brûlantes à partager, au retour attendu et espéré des absents de septembre.

     (1) Régis m’apprend qu’Alain et Chantal faisaient partie du petit groupe du lundi matin, et qu’ils ne sont partis qu’après un déjeuner en un petit restaurant de St Michel
Pour certains qui vont reprendre le boulot, la rentrée sera ainsi radoucie, même si le vélo en ville est moins excitant que celui pratiqué en Maurienne. D’ici là, on a le temps de rêver aux aspérités qui nous attendent, aux grolles brûlantes à partager, au retour attendu et espéré des absents de septembre.

 
Ils sont là à se hisser vers le camp des Rochilles Là-haut, la frange blanche…