bornes et croix frontières france-espagne

Les sentiers et chemins menants aux croix et bornes

 

Il vous est peut-être déjà arrivé, au cours de vos sorties vélo ou VTT, de rencontrer, en franchissant un col pyrénéen, une pierre marquée d’une croix où une borne portant un numéro et de vous demander quelle en était la signification. Cela veut tout simplement dire que vous vous trouvez à la frontière France - Espagne car ces bornes où croix, au nombre de 602, sont placées sur la « divisoria » ou ligne de partage des eaux, la n° 1 près de l’Atlantique au bord de la rivière Bidassoa et la n° 602 au pied du Cap Cerbère, dans la Cova Forada, en Méditerranée.

La frontière entre la France et l'Espagne fait 656,3 km de longueur. Elle a été crée par le traité des Pyrénées en 1659 et son tracé actuel date du traité de Bayonne, en 1856. Arrivée en Andorre, elle s'interrompt sur 56 km, largeur de la principauté. Le long de son tracé, on relèvera, entre autres particularités le statut de l'île aux Faisans et celui de l'enclave de LLívia.

 

Les bornes frontières photographiées: terminé

 Depuis la Baie des Figuiers et Hendaye, la frontière suit le cours de la Bidassoa jusqu'à la borne n°1: cartes postales de la frontière à Hendaye, Irun et Béhobie. 
 Cartes postales de la frontière au Perthus
 
Bornes 1 à 20 (20) Bornes 201 à 220 (20) Bornes 401 à 420 (20)

Bornes enclave de Llívia

Bornes 21 à 40 (20) Bornes 221 à 240 (20) Bornes 421 à 440 (20) Bornes 1 à 15 (15)
Bornes 41 à 60 (20) Bornes 241 à 260 (20) Bornes 441 à 460 (20) Bornes 16 à 30 (15)
Bornes 61 à 80 (20) Bornes 261 à 280 (20) Bornes 461 à 480 (20)

Bornes 31 à 45 (15)

Bornes 81 à 100 (20) Bornes 281 à 300 (20) Bornes 481 à 500 (20)  
Bornes 101 à 120 (20) Bornes 301 à 320 (20) Bornes 501 à 520 (20)  
Bornes 121 à 140 (20) Bornes 321 à 340 (20) Bornes 521 à 540 (20)  
Bornes  141 à 160 (20) Bornes 341 à 360 (20) Bornes 541 à 560 (20)  
Bornes 161 à 180 (20) Bornes 361 à 380 (20) Bornes 561 à 580 (20)  
Bornes 181 à 200 (20) Bornes 381 à 400 (20) Bornes 581 à 602 (22)  
 
 

Un peu d’histoire 

Tout commence en 1659 avec le fameux traité des Pyrénées, qui met fin à la guerre de 30 ans, signé, sur l’île des Faisans au milieu de la Bidassoa, entre Mazarin, ministre de Louis XIV et Don Luis de Haro, premier ministre du roi Philippe IV d’Espagne, traité de paix  entre les maisons de France et d’Autriche. La France recevait le Roussillon, la Cerdagne et le Conflent tandis que l’infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV était promise à Louis XIV.

Mais contrairement à une idée répandue, ce traité ne contenait aucun règlement de délimitation : seul l’article 42 stipulait que « les Monts Pyrénées qui avaient anciennement divisé les Gaules des Espagnes seront aussi dorénavant la division des deux mêmes royaumes » ; le tracé de la frontière est donc renvoyé à plus tard ! Et il fallut attendre plus de deux siècles avant que le tracé de la frontière ne soit définitivement fixé par Napoléon III empereur des français et Isabelle II reine des Espagne avec les trois traités de Bayonne des 2 décembre 1856 (frontière depuis l’embouchure de la Bidassoa jusqu’au département des Basses Pyrénées), 14 avril 1862 (des Basses Pyrénées jusqu’au Vall d’Andorre) et 26 mai 1866 (du Vall d’Andorre à la Méditerranée).

Le tracé 

Il est matérialisé par des bornes ou croix frontière : 602 bornes à l’origine, aujourd’hui un peu plus puisque d’une part des bornes bis ont été rajoutées comme c’est le cas, par exemple au Somport (305 bis), près de la mer au Cap Cerbère (601bis) et que d’autre part certaines portent le même numéro affecté d’un indice différent (plusieurs bornes 44 au col de Lizarrieta). Ces bornes sont inégalement réparties le long de la frontière : peu nombreuses en haute altitude (17 bornes sur 140 km entre le Pont du Roi et la Porteille Blanche d’Andorre), beaucoup plus (25 bornes sur 5 km autour de Bourg-Madame) lorsqu’il faut que le tracé soit très précis afin d’éviter les conflits entre les populations.

Ce tracé longuement discuté, ne suit pas toujours la « Divisoria », la ligne de partage des eaux : c’est ainsi que le Val d’Aran dont les eaux (la Garonne) s’écoulent vers la France est espagnol.

Autres anomalies : l’enclave espagnole de Llivia en Cerdagne française délimitée par 45 bornes frontière, le pays Quint, 5000 hectares en territoire espagnol habités par une trentaine de français qui paient leurs impôts fonciers en Espagne mais la taxe d’habitation en France

Les passages

Chaque passage frontalier, le plus souvent un col, possède sa borne ou croix frontière :

Pour les routiers cela commence avec la BF 13 au Col d’Ibardin en pays Basque pour finir à la BF 600 au Col des Balitres au Cap Cerbère en passant entre autres par Lizarrieta BF 44, Ispéguy BF 91, Larrau BF 237bis , Pierre Saint-Martin BF 262, Somport BF 305bis, Pourtalet BF 310, Portillon BF 366, Ares BF 519, Manrell BF 559, Perthus BF 574 et Banyuls BF 591.

        Pour les muletiers qui sont beaucoup plus nombreux on peut noter le col de Bentarte BF 199 sur le chemin de St Jacques de Compostelle, le port de Boucharo ou Gavarnie BF 319, le col de Barèges BF356 au dessus du Portillon d’où l’on jouit d’un panorama somptueux sur la massif de la Maladeta, le port d’Aula BF 421 et le port de Salau BF 422 immortalisés! lors du séjour « 100 cols » à Seix en 2005 et bien d’autres encore.  

Lies et Passeries

Bien avant que le tracé définitif ne soit établi, les habitants des vallées situées de part et d’autre de la frontière avaient du cohabiter (utilisation des estives, des sources) et, pour ce faire, signer des traités d’alliance et de paix, les« lies et passeries ».

C’est ainsi que tous les ans, le 13 juillet, au col de la Pierre-Saint-Martin, au pied de la BF262, est célébré l’un des plus vieux traités en Europe  le « Tribut des trois Vaches »  datant de 1375. Les habitants de la vallée française de Barétous remettent le tribut de trois génisses à ceux de la vallée espagnole de Roncal au cours d’une journée festive.

 Mais ce tracé précis de la frontière n’a rien changé pour les habitants des vallées situées de part et d’autre, les Pyrénées n’ayant jamais constitué une barrière infranchissable car s’il est vrai que les cols séparent les vallées, il est aussi vrai qu’ils rassemblent les peuples.

 

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